Manga. Le mot lui même est sujet à interprétation. Dans sa
traduction du japonais, il signifie à la fois, dessin au trait malhabile,
caricature, esquisse au fil des idées, image sans but, divertissante, fantaisiste.
Comme il n'existe pas de genre grammatical en japonais,
manga est à la fois masculin et féminin. En France, depuis les années 70, nous
disons arbitrairement UN manga, ce qui le distingue (à tort ou à raison) de LA
bande dessinée.
Porté par les « animés », Candy, Albator, Goldorak
et consorts, aujourd'hui devenus cultes, le manga va peu à peu séduire un
public en quête d'autre chose que Tintin, Gaston Lagaffe ou Astérix.
Une question d'esthétisme et de poésie. De mystère aussi,
car le manga, ce n'est pas qu'un coup de crayon, c'est aussi une culture venue
de très loin transposée sur des planches.
Comme le japonais se lit de gauche à droite (la quatrième de
couverture est en fait la couverture), les éditeurs ont longtemps tergiversé.
Faut-il tout remettre à l'endroit (et augmenter ses coûts), « occidentaliser »
l'œuvre ou la laisser comme tel au risque de rebuter un lectorat plus
âgé ?
C'est que la question est d'importance. La France est le
deuxième consommateur mondial de mangas, devant les Etats-Unis.
Depuis 2005, dans l'Hexagone, il s'édite plus de mangas que
d'albums traditionnels. Des salons dédiés, comme la Japan Expo début juillet à
Paris, rassemble chaque année près de 300 000 personnes sur trois jours.
Un ouvrage du héros blond Naruto se vend autour de 200 000 exemplaires. Un
carton qui s'explique par la fascination qu'exerce la culture manga sur les 5 –
25 ans.
Une même image peut être
traduite 100 fois différemment et faire l'objet, sur le web, d'erratum d'erratum,
de polémiques incessantes.
Internet a boosté la tendance. En 1997, naissent les
premiers sites dédiés à la traduction de mangas inédits en France. Sans trop se
soucier de la loi (en droit français, une traduction est une adaptation, donc
soumise au droit d'auteur), les fans s'échangent des planches scannées où les
bulles sont « nettoyées » du texte original pour être remplacé par
des mots en français. Ils appellent cela une scanlation, contraction de scanner
et de translation.
Tapez manga scan sur un moteur de recherche et tous les
albums du monde s'offrent à vous.
Sur les forums spécialisés, il est amusant de voir comment
les ados s'improvisent traducteurs. Entre le copain du copain qui connaît une
copine qui parle japonais, le farceur mythomane qui invente tout de A à Z pour
se faire mousser auprès de sa tribu et le « scangine », le petit
malin qui passe les textes au traducteur automatique, on assiste à du grand
n'importe quoi. Une même image peut être traduite 100 fois différemment et
faire l'objet, sur le web, d'erratum d'erratum, de polémiques incessantes sur
le pourquoi du comment du sens d'une phrase, voire d'un nom de personnage.
Ainsi, en japonais, le r et le l, se ressemblent étrangement et Rino peut
facilement devenir Lino pour un traducteur néophyte.
La langue n'est pas si simple à traduire. Elle offre par
exemple, une gamme très étendue d'onomatopées dont la plupart n'ont pas
d'équivalent en Occident. Là où les éditeurs renoncent à les traduire et les
laissent en version originale, les fans, eux, n'hésitent pas à en inventer de
nouvelles.
Un folklore linguistique qui n'est pas du goût de la Japan's
Digital Comic Association qui, depuis juin 2010, s'inquiète du phénomène.
Relayée par des éditeurs américains, elle a décidé d'attaquer quelques sites en
justice pour donner l'exemple. En réponse, les scanlateurs font remarquer,
qu'ils font la promotion en numérique d'un genre qui ne s'est jamais aussi bien
vendu en librairie.
pour Translateo
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