Posons la question simplement : qu'est-ce qu'un bon
traducteur ? Vous me répondrez que c'est celui qui fait correctement son
travail... Soit. Un traducteur, c'est quelqu'un qui rapporte la parole ou les
mots d'un autre, se voit confier sa défense, ses idées, son business ou son art
pour les porter à la connaissance d'un tiers. Lourde, très lourde
responsabilité. Alors comment s'assurer qu'il sera digne de confiance ?
Pour tenter d'y voir plus clair, jetons d'abord un œil sur
les codes de déontologie qui régissent la profession. Ils sont tous à peu près
semblables et sont édités par différents organismes ou syndicats. Prenons celui
de l'ATLF (Association des Traducteurs Littéraires de France), rédigé en 1988
et légèrement remanié en 2012, qui regroupe les droits et les devoirs du
traducteur en une douzaine de paragraphes.
Sur la qualité intrinsèque du travail à fournir, il reste
assez vague et donne l'impression au néophyte d'enfoncer des portes
ouvertes : « Quiconque exerce le métier de traducteur doit posséder
une connaissance très sûre de la langue à partir de laquelle il traduit (langue
source) et de la langue dans laquelle il s'exprime (langue cible). Cette
dernière doit être sa langue maternelle ou une langue qu'il maîtrise au même
degré que sa langue maternelle ».
Un peu plus loin, il est stipulé que « le traducteur
s'interdit d'apporter au texte toute modification ou déformation de nature à
altérer la pensée ou le style de l'auteur ». Nous voilà bien avancés !
Mais il y a plus flou encore. Dans le code de déontologie
des membres de la Société Française des Traducteurs, « le traducteur
s'engage à travailler dans les règles de l'art en restituant fidèlement le
message contenu dans le document qui lui est confié ».
Il faut se méfier du
traducteur low-cost, du Lucky Luke de la copie, celui qui casse les prix et
prétend travailler plus vite que son ombre.
Tout ceci est très bien, mais quelles sont ces fameuses
règles de l'art ?
Dans l'ouvrage « Profession traducteur » de l'universitaire
Daniel Gouadec (Rennes II), elles sont ainsi définies : « convergence
typologique, convergence sémantique et discursive, structure parfaitement
balisée, terminologie normalisée, terminologie homogène, texte transparent,
écarts culturels comblés, application systématique des normes
existantes ». Le bon traducteur serait donc là, noyé dans ce verbiage ?
Mettons-nous maintenant à la place d'un jeune auteur
soucieux de faire traduire ses nouvelles en polonais. Imaginons qu'il se rend à
Varsovie pour un long séjour et qu'il souhaite profiter de l’occasion pour
faire connaître son travail auprès d'éditeurs locaux. Comment va‑t-il s'y
prendre pour dénicher LE traducteur qu'il lui faut, celui qui, justement,
conserve l'originalité de son œuvre avec probité ? Il y a fort à parier qu'il
ira d'abord errer sur Internet sans trop savoir à quel saint se vouer. Il se
méfiera bien sûr du traducteur low-cost, du Lucky Luke de la copie, celui qui
casse les prix et prétend travailler plus vite que son ombre. Celui-là,
précisément, marche en dehors des clous de la profession, même s'il jure, la
main sur le cœur, qu’il en respecte les règles.
Alors, un bon traducteur ? La norme AFNOR peut
représenter une référence sûre pour notre jeune écrivain. Traduire du français
en polonais est une tâche dont s'acquitte fort bien une poignée d'agences dans
l'Hexagone. Elles en font leur spécialité et le sérieux de leur travail est
récompensé par une sorte de label au nom barbare, ISO 9001. Délivré sur la base
de critères objectifs par un organisme indépendant, il représente un gage de
qualité et d'honnêteté pour le « donneur d'ouvrage ». Cela ne veut
pas dire qu'il est indispensable, mais il a le mérite d'éviter les mauvaises
surprises.
Finalement, on en revient au postulat de départ, le bon
traducteur est celui qui fait correctement son travail...
Nicolas Roiret
pour Translateo.
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