Depuis quelques mois, une page
communautaire sur Facebook remporte un vif succès auprès des internautes.
Ouverte en janvier 2012, elle compte aujourd'hui plus de 3000 abonnés et son lectorat
ne cesse de croître. Son nom grossier, Traductions De Merde, (TDM
pour les connaisseurs) a de quoi rebuter. Elle recèle pourtant une grande quantité
de perles, drôles ou consternantes, liées à des erreurs de traduction.
La richesse de cette page repose
sur un principe simplissime : si au cours d'un voyage lointain, ou si en
bas de chez vous, un panneau, une affichette, une carte de restaurant ou un
emballage quelconque comporte une erreur de traduction, vous faites une photo
avec votre smartphone et vous la
transmettez à TDM via Internet.
Venues du monde entier, ces
contributions sont triées (et modérées) par une équipe que l'on devine
compétente. Elle veille à ne publier que les plus cocasses, les plus
invraisemblables et les plus significatives en matière de traduction
approximative. La consultation de ces images est irrésistible et ressemble à un
interminable voyage, exotique et burlesque.
Les menus de restaurant contiennent
par exemple de nombreuses pépites, dont certaines sont devenues des standards.
Ainsi, notre fameux « crottin de Chavignol » se transforme souvent
en « warm goat dung », du fumier de chèvre chaud qui ne fait guère
envie...
Que dire des oignons frits, qui
sur la carte, et après traduction, deviennent malheureusement « calcinés » ? Ou de cette
« pizza aux moisissures », dont on peut espérer qu'elle soit
recouverte de « champignons » plus ragoûtants ?
Le « lawyer
vinaigrette » est bien un « avocat sauce vinaigrette », mais le
cannibalisme guette car il s'agit là de l'homme de loi, pas du fruit, qui lui
se dit « avocado » en anglais. Idem pour la « piece of
butcher » qui remplace maladroitement la « butcher's piece ».
Que préféreriez-vous déguster, un morceau de boucher ou la pièce du
boucher ?
« Evitez
d'arroser dans les yeux, prévient le fabricant, n'arrosez pas sur une fame nue
ou n'importe quelle matière incandescente ».
La TDM trouve aussi son origine
dans les traductions automatiques.
Pour une entreprise sérieuse
portée sur l'export, traduire un mode d'emploi, des mises en garde ou un simple
explicatif du produit figurant sur les emballages doit faire l'objet d'un soin tout
particulier. Il en va de la sécurité du client et de l'image de marque de la
société. Mais cela a un coût. Il peut être tentant d'utiliser des logiciels
gratuits disponibles sur le Web pour augmenter ses marges.
Prenez ce rouge à lèvres de
fabrication chinoise. Il est « Toluène gratuitement ». Qu'est-ce que
cela veut dire ? Qu'il regorge de toluène, ce solvant toxique si dangereux
pour notre santé ? En fait, c'est la TDM de « Toluene Free »,
sans toluène en anglais. La traduction d'une traduction. Dans le jargon, on
appelle cela une « traduction-relais », la pire chose à faire pour un
professionnel.
D'ailleurs, si vous avez un doute
concernant l'authenticité d'un article, la lecture de l'emballage est souvent
éloquente. En témoigne cette boîte renfermant un parfum prétendument de la
marque Hugo Boss : « Evitez d'arroser dans les yeux, prévient le
fabricant, n'arrosez pas sur une fame nue ou n'importe quelle matière
incandescente ». Inutile d'avoir fait l'école des douanes pour flairer là la
trace une contrefaçon...
Le problème avec la TDM, c'est
qu'elle dévalorise le produit. Ici, on trouve un « pinceau pour les
rides », là, un « laxatif pour les cheveux secs », plus loin, un
« compagnon d'oreille à insertion fixe », qui s'avère être une paire
d'écouteurs pour un lecteur MP3... Passé l'effet comique (et les commentaires
tantôt potaches tantôt piquants qui les accompagnent), on comprend mieux
combien il est périlleux de traduire sans rien maîtriser d'une langue.
La palme revient sans doute à ces
affichettes que l'on trouve sur les lieux touristiques et qui sont supposées
nous informer. Dans les toilettes de cet estaminet canadien, celle-ci rappelle
que « les employés doivent laver des mains », tandis que dans cet
aéroport, un panneau indique que vous entrez dans une «Aucune Région
Fumeurs ».
Pour finir, voici cette brochure
remise aux pensionnaires d'un monastère croate près de Dubrovnik. Elle
s'adresse en français à celles et à ceux venus faire une retraite dans ces lieux
sacrés. On peut y lire : « Vous venez chez nous avec le désir vivant
de jouir dans la nature, dans les vacances et de reposer vraiment ». Tout
un programme...
pour Translateo.
1 commentaire:
dans un aure registre, chez les motards, la TDM = tas de merde. mais c'est une excellente moto pour traverser le sahara, qui laisse les BMWistes un peu sur leur quant à soi. Autre culuture autres références, mais tout est bon à prendre
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